C’est le nouvel âge de l’espace qui se prépare à Cannes, dans les bâtiments de Thales Alenia Space à travers le projet européen EROSS (European Robotic Orbital Support Services) : celui des stations services du spatial avec des véhicules spatiaux qui viendront se réapprovisionner dans ces stations de base en carburant, en pièces, en logiciel pour réparer ou upgrader des satellites en orbite et leur assurer ainsi une durée de vie maximum. Un service à la carte qui demande quand même beaucoup d’expertise en robotisation pour une activité qui s’exerce sans la moindre présence humaine de proximité. (Photo DR : Stéphanie Behar Lafenetre, chef de programme EROSS et Raphaël Boissonnade, responsable recherche et développement, en charge du banc robotique devant un bras robotisé de connexion).
Ce qui a poussé en premier lieu au lancement du programme, c’est l’encombrement de plus en plus poussé dans l’espace avec une multiplication du nombre de satellites et surtout de débris, explique Bertrand Denis, vice-président observation, science et exploration chez Thales Alenia Space. On dénombre aujourd’hui environ 15.860 satellites en orbite, dont 12.900 sont actifs (Starlink y a beaucoup contribué). Mais viennent s’ajouter insidieusement les débris avec quelque 140 millions d’objets en orbite, dont 54.000 dépassent 10 centimètres de diamètre. Dans ce contexte, il y a une réelle nécessité d'allonger la durée de vie des satellites tout en limitant les débris spatiaux pour permettre une meilleure gestion des actifs spatiaux actuels et futurs.
C’est l’objectif d’EROSS, programme lancé en 2019, et réalisé à Cannes. Thales Alenia Space a ainsi validé sur Terre toutes les technologies nécessaires aux opérations de maintenance en orbite et mène, depuis 2023, un consortium de 10 entreprises européennes dont l’objectif est de tester et démontrer les capacités robotiques qui permettront aux véhicules spatiaux de réaliser des opérations en orbite. Parmi les outils permettant de réaliser ces opérations en orbite, il est nécessaire de développer des capteurs et senseurs, des bras robotiques et pinces de capture permettant d’intercepter une cible en orbite, les interfaces d’amarrage et de ravitaillement. Un véritable lego à monter en apesanteur dans la grand nuit spatiale.
Il s’agit également de développer le système de Guidage, Navigation et Contrôle (GNC) permettant aux engins spatiaux de se rapprocher du satellite ciblé en toute maîtrise. EROSS IOD a ainsi pour objectif de valider, au travers d’une première mission européenne de démonstration en orbite prévue d’ici 2028, les technologies nécessaires aux futures opérations robotisées d’assistance en orbite, telles que le rendez-vous, la capture, l’arrimage, le ravitaillement et l’échange de charges utiles d’un satellite. Cette mission est prévue pour une durée de vie opérationnelle de 5 ans et continue à se préparer minutieusement dans les salles cannoises.