Un joli regain qui montre que les bonnes technologies ne se perdent pas : c'est celui d’ExactCure désormais sous le pavillon de Biotrial, une société de Rennes spécialisée dans les essais cliniques. En septembre 2024, pour la medtech niçoise, c’était la fin à la fois d’une belle aventure, d’une technologie prometteuse de jumeau numérique pour la prise de médicaments et d’un “mariage” inédit avec Quantum Genomics, une société à mission en recherche de projets. Fondée en janvier 2018 à Nice par Fabien Astic, Frédéric Dayan et Julien Bénito, la startup, qui a compté jusqu’à plus de vingt collaborateurs, sombrait avec la liquidation de la société conjointe. Neuf mois après le “mariage”. (Photo DR : de gauche à droite, Frédéric Dayan, Matthieu Basset, Paul-Emeric Saunier et Sophie Dret de l’aventure ExactCure).
Un pivot engagé sur les essais cliniques
Fini le projet d’entrée en bourse. Aucun repreneur ne s’étant signalé, il était possible de croire l’histoire terminée pour tous. Pourtant, en janvier 2025, ExactCure a commencé à renaître à bas bruit avec un nouveau positionnement sur les essais cliniques et sous l’aile d’un des leaders français de ce secteur, Biotrial. Et en janvier 2026, forte d’une première année d’activité dans sa nouvelle formule, elle compte s’affirmer en plein.
La technologie d’Exactcure avait, elle, été déjà amplement validée bien avant le naufrage. Fabien Astic, avec ce projet, avait été lauréat des prestigieux concours i-Lab puis i-Nov, et la startup avait entre autres remporté maintes distinctions (7ème concours Digital in Pulse d’Huawei, startup de l’année des trophées 2020 de l’Eco Nice-Matin, Concours French IoT du groupe La Poste…). La medtech avait pu aussi nouer des partenariats et collaborations avec des groupes pharmaceutiques comme UPSA. Sauf qu’elle est arrivée peut-être trop tôt sur le marché.
“Quand en septembre 2024, nous sommes partis au tapis, nous avons de suite cherché à sauver des emplois et maintenir le projet”, explique Frédéric Dayan, le CEO d’ExactCure. “Ce furent les deux mois les plus difficiles de ma vie. Nous avions déjà commencé à pivoter sur les essais cliniques. Nous étions notamment passés d’un jumeau numérique à une cohorte de patients ce qui nous permettait d’adresser le secteur des essais cliniques. Nous avons donc recherché une société dans ce domaine et nous avons trouvé Biotrial qui avait envie de reprendre des collaborateurs, des projets et notre état d’esprit”. La startup niçoise lui apportait ainsi une technologie qui complétait ses essais classiques sur patients réels.
ExactCure rebaptisée Biotrial Data Science
Développés par ExactCure, le bras de contrôle synthétique (remplacement des patients réels par des données externes issues d’autres sources) et les patients virtuels permettent de créer des groupes témoins numériques à partir de données réelles, réduisant ainsi le besoin de recruter des patients pour les essais cliniques. Particulièrement utile dans les maladies rares et les cancers où les cohortes sont limitées. Cette approche accélère le développement des traitements, diminue les coûts et répond aux enjeux éthiques liés aux placebos, tout en offrant la possibilité d’extrapoler les effets d’un médicament à des populations spécifiques comme les enfants ou les femmes enceintes.
Rebaptisée Biotrial Data Science, une entité indépendante basée à l’Arénas à Nice à été créée en janvier 2025 avec le noyau technologique (7 personnes au total). Elle est dirigée par Sophie Deret, figure historique de l’équipe. Ce modèle hybride préserve l’identité et l’agilité d’ExactCure tout en bénéficiant de la puissance industrielle et commerciale de Biotrial. Les fondateurs, quant à eux, sont sortis et seul Frédéric Dayan conserve un rôle stratégique au sein de la direction scientifique du groupe. Mais leur jumeau numérique, qui fêtera en janvier le premier anniversaire de sa seconde vie, va pouvoir continuer à révolutionner le monde de la santé.