Et viva l’Inria ! pouvait-on s’exclamer à l’issue des exposés scientifiques du matin et de la table ronde de l’après-midi qui ont marqué au Palais des Festivals de Cannes la célébration, en présence de son Pdg Bruno Sportisse, de ses 40 ans de recherche sur la Côte. Arrivé au début des années 80, ce qui était alors, en date, le troisième Centre de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique a été au coeur de toutes les avancées dans ce domaine et l’un des acteurs majeurs du développement de la technopole de Sophia Antipolis et de la montée des Alpes Maritimes dans l’industrie du numérique.
(Photo WTM : lors de la table ronde les intervenants n’ont pas manqué de rappeler que l’essence même de Sophia Antipolis tenait dans le concept de transversalité des disciplines qui est celui d’Inria et dans cette “fertilisation croisée” que prônait le sénateur Laffitte, père de la technopole).
De tous les combats pour la Côte high tech
En 40 ans, il est vrai, le centre Inria a bien grandi. Au départ, six équipes de recherche et une quarantaine de personnes. Aujourd’hui, il accueille 600 personnes dont plus de 500 chercheurs de 50 nationalités répartis en 37 Equipes-Projets. La journée d’hier aura donné l’occasion de rappeler le chemin parcouru. Il est jalonné par la première startup Inria en 1987 (Ilog), par quelques grandes avancées technologiques et scientifiques comme la première liaison Internet entre la France et les Etats-Unis à partir de Sophia Antipolis en 1988, par la création de la branche Européenne du W3C chez Inria en 1995. On pourrait multiplier les jalons.
L’Institut sera aussi de toutes les batailles : celles menées pour la création à Sophia du Campus SophiaTech, ou pour la transformation et la labellisation IDEX de l’université, ou encore pour l’obtention d’un 3IA Côte d’Azur, l’institut interdisciplinaire d’Intelligence Artificielle dont Inria est cofondateur… C'est ce qu'ont fait valoir, lors de la table ronde animée par Gérard Giraudon (ancien directeur Inria Sophia), Jean Leonetti, président de la CASA, Jeannick Brisswalter (Université Côte d’Azur), Françoise Bruneteaux (Conseil Régional Région SUD) ou Laurent Londeix (Incubateur PCA, Orange, UPE06).
A noter aussi le tournant pris en 2021 avec le partenariat stratégique conclu entre Inria et Université Côte d'Azur, portant sur la création du "centre Inria d'Université Côte d'Azur", dont la direction est assurée par Maureen Clerc. Une alliance nouée pour améliorer l’attractivité internationale du site au bénéfice de l’enseignement, de la recherche et de l'innovation.
Les quatre axes primordiaux du centre
Les travaux du matin, quant à eux, auront mis en lumière quatre axes primordiaux de recherche du Centre.
- Le premier : la simulation de réalités concrètes avec des travaux qui ont mené à la modélisation du trafic routier, comme à la synthèse d’images pour jeux vidéos et smartphones.
- Second axe : la modélisation du vivant, domaine pour lequel Inria Sophia a été pionnier depuis 1990, qui ouvre sur des thérapies innovantes comme sur l’exploration dynamique du cerveau. Des synergies nouvelles sont engagées et permettent de lever les verrous scientifiques, technologiques et sociétaux situés à l’interface de la médecine, de la modélisation, de la robotique et de l’intelligence artificielle.
- Troisième axe : la circulation et le partage de l’information. Inria Sophia a été au départ de la grande aventure du web et ses équipes continuent de travailler sur ses protocoles, ses langages, son architecture, ses contenus, ses réseaux sociaux, ses services, notamment pour le respect de la vie privée, ou pour l'amélioration des collaborations et de la coordination en ligne.
- Quatrième axe : les robots, automates et circuits. Une dizaine d'équipes-projets sont dédiées aux problématiques de perception, cognition et interaction ainsi qu’au développement de langages informatiques garantissant le fonctionnement sûr de systèmes embarqués critiques.
Les belles startups sorties d'Inria Sophia
Depuis le début, le Centre accompagne chercheurs et ingénieurs à la création d’entreprise. A partir des résultats originaux de leurs recherches, les entrepreneurs se saisissent des technologies pour explorer de nouvelles opportunités entrepreneuriales. Les domaines d’application sont vastes : agriculture du futur (AgTech), technologies pour la santé (MedTech), l’industrie du futur (Smart Manufacturing), nouvelles formes de mobilité (CleanTech).
Les exemples sont nombreux et témoignent de la richesse et la diversité des recherches menées à Sophia Antipolis : Neurodec, issu du programme Inria Startup Studio, développe un jumeau numérique myoélectrique (il décode les signaux musculaires pour les traduire au mouvement d’une prothèse) ; Pulse Audition avec des lunettes auditives embarquant une intelligence artificielle ; InHeart qui génère une carte 3D du cœur à partir d'images médicales ; Inalve pour la production de microalgues sur support mobile ; Biomathematical, qui décrypte l'invisible monde des microorganismes.
D’autres startup sont à venir comme Cellemax (Identification de cibles thérapeutiques pour concevoir de nouveaux médicaments en oncologie), Sequoia Analytics (Surveillance du trafic en utilisant les fibres optiques et la géophysique ) tandis que d’autres projets dans les cartons sont prêts à rejoindre les succès des décennies précédentes comme Realviz, Istar, Geometry Factory, ou encore Therapixel. L’histoire d’Inria Sophia n’a pas fini de s’écrire, même si hier, c'est surtout sur le passé que l'on s'est arrêté.